La demande de diamants retrouve des couleurs en 2025
En 2024, la croissance a très nettement ralenti. Le secteur diamantifère s’est heurté à l’atonie de la demande mondiale. Néanmoins, la demande intérieure et, dans une moindre mesure, l’investissement dans l’extraction du cuivre et de l’argent, ont évité la récession. Le Transitional National Development Plan (TNDP), un plan de relance préélectoral porté par le président Masisi pour l’année fiscale 2024, prévoit le développement de projets d'infrastructure pour améliorer l'accès aux marchés et réduire les coûts de transport, ainsi que l'amélioration des compétences de la population pour lutter contre le chômage. En outre, l'inflation a considérablement diminué en 2023 en raison de la baisse des prix des matières premières importées. En conséquence, la Banque du Botswana a abaissé son taux directeur de 25 points de base en décembre 2023, puis a procédé à une seconde baisse en juin 2024, fixant le taux à 2,15 %. Cependant, la réduction de l'approvisionnement en eau due au phénomène climatique El Niño compromet les rendements agricoles, ce qui pourrait engendrer des tensions inflationnistes sur les produits alimentaires.
En 2025, on s’attend à une progression des ventes de diamant (95% du secteur minier) et, donc, de la croissance. De plus, la production de diamant devrait s’accroître avec le prolongement du partenariat à 50/50 dans Debswana (la plus grande société d'extraction de diamants du pays) entre le gouvernement botswanais et De Beers pour une durée de 35 ans. Ce nouvel accord facilitera les projets d'expansion des mines de Jwaneng et d'Orapa en permettant d'accéder à des gisements de diamant plus profonds. Les premiers travaux doivent débuter en mai 2024. Toutefois, la dépendance du Botswana à l'égard de l'Afrique du Sud (confrontée à un déficit énergétique), pour un quart de son approvisionnement en électricité, représente un risque pour les performances du secteur minier. Le tourisme (10% du PIB) haut de gamme profitera également de l’embellie de l’activité économique mondiale. De surcroit, le 12ème Plan quinquennal National de Développement sera lancé à partir d’avril 2025. Celui-ci vise à conduire le pays vers une croissance plus élevée et durable, et donc à stimuler l’investissement. Il repose sur plusieurs domaines comme le développement du secteur financier, de l'innovation, de la transition verte et de l’éducation.
Une dégradation passagère des comptes publics en 2024
Le déficit budgétaire devrait se creuser sur l’année budgétaire 2024, en raison de l’engagement préélectoral du gouvernement à accroître les dépenses de développement (en particulier dans le cadre du TNDP). Ce déficit passager sera financé sur les réserves du Pula Fund (un fonds souverain créé en 1994 pour préserver une partie des revenus tirés du diamant pour les générations futures), évalué à 3,7 milliards de dollars (19 % du PIB en 2023), et par l'émission d’obligations domestiques. Après ce budget expansionniste, le gouvernement vise à instaurer une consolidation fiscale. Compte tenu de la croissance économique attendue en 2025, avec la reprise du marché diamant, l’effort ne devrait pas être important. Le ratio de la dette publique par rapport au PIB, déjà bien en dessous du plafond statutaire de 40 %, devrait diminuer.
Par ailleurs, le solde courant devrait s’améliorer en 2025. Une reprise de la demande mondiale pour le diamant devrait compenser la hausse des importations liées à l’extraction, tandis que les recettes issues de la SACU (¼ des recettes totales) augmenteraient, malgré leur légère baisse attendue. Malgré le maintien du prix du Brent au-dessus de 80 dollars le baril, la balance commerciale devrait revenir à un excédent. Les réserves de change (l’équivalent de 8 mois d’importations de 2023, à mai 2024), soutenue par l’augmentation des recettes d’exportation et les investissements étrangers. Ce niveau confortable confère de la crédibilité au régime de change glissant de la monnaie, indexé sur un panier de devises dominé par le rand.
L’opposition arrive au pouvoir, une première depuis l’indépendance
Contre toute attente, la Coalition pour un changement démocratique (UDC), principal parti d'opposition de centre-gauche, a remporté les élections générales du 30 octobre 2024 en obtenant 31 des 61 sièges au Parlement, permettant à son candidat, Duma Boko, de devenir le nouveau président. Le Parti Démocratique du Botswana (BDP), dirigé par l'ancien président Mokgweetsi Masisi, a ainsi perdu sa majorité parlementaire, une première depuis l'indépendance du pays en 1966, n’obtenant qu’un seul siège. Cette défaite peut s’expliquer par une lassitude croissante face à la pauvreté, au chômage et aux inégalités persistantes. L'UDC a notamment bénéficié d’un large soutien dans les milieux urbains et auprès de la jeunesse, tandis que le vote rural, traditionnellement acquis au BDP, s'est révélé insuffisant.
Par ailleurs, les relations devraient rester importantes avec l’Afrique du Sud en raison des liens commerciaux et des projets d'infrastructure transfrontaliers (principalement dans les secteurs du transport et de la transmission de l'énergie). Le Botswana continuera également de bénéficier de bonnes relations avec ses partenaires commerciaux traditionnels en Europe et en Amérique du Nord grâce à la stabilité de sa démocratie. Enfin, avec ses gisements de 200 billions de tonnes de charbon, le Botswana cherche à diversifier son économie pour ne plus dépendre du secteur de diamants et atteindre l’autosuffisance énergétique. Le pays envisage notamment de commencer la construction d’une nouvelle centrale thermique de 600MW à partir de 2025. Néanmoins, les projets du Botswana à l'égard du charbon sont en contradiction avec l'évolution mondiale vers les sources d'énergie renouvelables.